ÉTATS PSYCHOPATHIQUES

Auteur : Mini-Pouce
(promotion 2002-2005)

Cours 2003
Document déposé Mars 2004

 

    Chacun de nous a des traits de personnalité. Si ces différents traits sont exagérés, on peut parler de personnalité pathologique.

 

Généralités : la personnalité

    La personnalité : définitions

    = ensemble organisé de traits qui est stable et prévisible : un mode privilégié de comportement et d’adaptation au monde

    = personnalité normale : organisation dynamique des aspects intellectuels, affectifs, comportementaux, physiologique et morphologique de l’individu en interaction avec son milieu.

    = normale : absence de maladie, normalité statistique, normalité fonctionnelle (adéquation des capacités et du fonctionnement) : normalité idéale ?

 

    La personnalité : plusieurs modèles théoriques ont essayé de définir la personnalité ainsi que son organisation

v     les modèles descriptifs

v     dévelopementaux :

Ø      Modèle psychanalytique : l’appareil psychique se structure progressivement au cours des stades de développement, qui se caractérise par un modèle prévalent de relation à l’objet (stade oral, anal, phallique, génital). La personnalité serait le résultat de la constitution et des biens des 3 instances (ça, moi, surmoi) en relation avec le monde.

 

Les troubles de la personnalité

    Les organisations pathologiques de la personnalité sont des entités cliniques particulières car elles ne correspondent pas en tant que tel à un diagnostic mais caractérisent un individu, un modèle relationnel considéré comme pathologique.

    Souvent, ces personnes ne se considèrent pas comme souffrantes

    Nous sommes amenés à les rencontrer lors de décompensation psychiatrique ou somatique.

    Personnalité pathologique : état pré-morbide avant l’éclosion de la pathologie ?

 

Les psychopathies

    Synonymes :

-         déséquilibre psychique

-         sociopathie

-         personnalité antisociale

-         névrose impulsive

Surtout chez les hommes.

Prévalence : 3% chez les hommes, 1% chez les femmes

Un certain nombre se retrouve dans les milieux carcéraux

 

    Biographie du psychopathe

Ø      biographie mouvementée difficilement reconstituable

§         récit du psychopathe : tronqué avec des lacunes, mythomanie

§         dissimule des évènements et en invente d’autres

 

Ø      enfance

§         l’enfance est presque toujours perturbée, avec indiscipline scolaire, école buissonnière, chapardage

§         colère violente, fugues

 

Ø      adolescence

§         accentuation des troubles

§         conflits répétés avec les parents et les professeurs

§         renvois successifs du collège et du lycée (arrêt des études)

§         fréquentation des marginaux, des délinquants

§         premiers délires

 

Ø      jeune adulte

§         il connaît l’alcool et ses premières ivresses

§         il a ses premières expériences avec les toxiques

§         prostitution (homosexuelle ou hétérosexuelle)

§         si service militaire, se passe très mal (indiscipline, insubordination, crise de nerfs, désertion, emprisonnement)

 

Ø      âge adulte

§         grande instabilité qui compromet une insertion sociale (changements de métier très fréquents, emplois marginaux, emplois temporaires : il essaie de façon impulsive les métiers les + divers et les + inattendus et cela de façon inépuisable)

§         souvent il vit dans la délinquance, au dépend d’une famille tolérante

§         résiste très mal à la frustration

§         forte marginalisation (SDF)

 

    Le sujet

        Instabilité psychosociale

§         sujet incapable de se fixer un but professionnel

§         renouvelle ses amitiés avec une extraordinaire rapidité

§         relations sentimentales : tout partenaire est idéalisé mais tout se dissoudra assez vite avec la rencontre d’une autre personne ou sera abandonné à la moindre contrariété

§         déménagements successifs

 

        Agressivité, impulsivité, attitude antisociale

§         gestes impulsifs, agressifs : bagarres, délits mineurs et majeurs

§         transgression par rapport à la loi : au départ assez impulsive, elle devient une habitude ; les actes délictueux s’aggravent, se compliquent, deviennent + organisés en fonction de l’intelligence du sujet et des milieux qu’il fréquente

§         mépris de ceux qui obéissent à la loi

§         semble insensible, froid, dépourvu d’émotions : cependant, derrière cet orgueil assez infantile, il reste fragile, influençable

 

        Mode relationnel

§         à l’aise, direct, obséquieux, flatteur

§         à la fois séduit et séducteur

§         s’invente des talents, des diplômes, fait des projets

§         semble réciter une leçon

§         redoute d’être abandonné : chantages à l’agression ou au suicide lors des ruptures

 

    Caractéristiques psychologiques

Ø      Passage à l’acte : mode habituel de décharge de toute tension psychique :

·        vols, fugues, crises d’agitation, alcoolisation, tentative(s) de suicide

·        intolérance à la frustration

·        réagit de façon immédiate, incontrôlée et disproportionnée : brutalité

·        aucune anticipation des conséquences de ses actes

·        n’éprouve aucune honte, aucun remord

·        accuse la malchance

·        se pose toujours en victime de la société

·        incapable de se projeter dans un avenir à long terme

·        va toujours répéter les mêmes échecs

·        le passage à l’acte court-circuite toute pensée, toute émotion

Ø      Ennui :

·        perpétuels changements de lieux pour rompre cet ennui, changements d’occupation

·        favorise les addictions : drogue  (cannabis, mais également les autres produits) et alcool

·        recherche des situations dangereuses qui vont lui procurer de l’excitation

·        n’exprime pas son ennui

Ø     Traits pseudo-hystériques :

·        pseudo crises de nerfs : passages à l’acte

·        grande suggestibilité ( modification du comportement en fonction de la personne présente)

Ø      Mythomanie et manipulations

·        la mythomanie infiltre tout le comportement du psychopathe

·        il va se valoriser (passé glorieux, diplômes)

Ø      Dimension perverse :

·        absence de sens moral

 

    Complications psychiatriques

Ø      crise d’agitation avec violence :

·        auto ou hétéro agressivité

·        crises déclenchées par un motif mineur (réactions explosives)

Ø      dépression :

·        fréquente

·        résulte d’un sentiment d’ennui, d’abandon, d’échec

·        sentiment de vide, avec une avidité affective

·        plaintes hypocondriaques

Ø      gestes suicidaires :

·        fréquents

·        souvent dans des moments de panique, d’intolérance à la frustration, dans le cadre de jeux dangereux avec la mort, dans une attitude d’appel à l’aide

·        brutaux et irréfléchis

·        favorisés par l’alcool

·        brûlures de cigarettes, coupures

·        parfois, gestes qui entraînent la mort

·        beaucoup de psychopathes disparaissent par suicide

Ø      alcoolisme et toxicomanie

·        fréquent

·        l’alcoolisme, souvent compulsif, va entraîner des ivresses pathologiques

·        drogues dites « dures » : dealers et utilisateurs

 

    Évolution

        Délinquance

        Psychopathie= facteur de risque

        Les psychopathes sont exclus des criminels organisés.

        Souvent, ce sont des délits mineurs avec récidives très fréquentes.

        Vols, vagabondages, abus de confiance, usurpation de titre et de fonction, usage et détention de drogue

        Sous l’influence de l’alcool : coups et blessures, viols, meurtres

 

        Surmortalité

§         due aux accidents, aux suicides, aux règlements de compte

§         complication alcoolique et toxicomaniaque

§         Sida

 

        Évolution grave

§         prison

§         clochardisation

        Éléments de mauvais pronostic

§         niveau intellectuel médiocre

§         tendances perverses

§         réactivité explosive

 

        Amélioration au cours des dernières années

        Rare, mais possible

 

    Traitement

        Le sujet est très rarement demandeur de soins (sauf en cas de dépression). Il vient soit à la demande de sa famille ou de la justice ou des éducateurs spécialisés…

        A l’extérieur, il arrête souvent ses traitements (sauf les tranquillisants : risque de dépendance secondaire) ; préférer les neuroleptiques sédatifs.

        Il n’existe pas de moyens pharmacologiques réguliers : par contre, lors d’accès aigus de violence, en cas de dépression et de délire, les psychotropes sont intéressants : neuroleptiques, antidépresseurs sédatifs, + ou moins benzodiazépines, parfois lithium.

 

F     Le psychopathe doit être protégé et assisté : + il fréquentera les soignants, + il s’éloignera de la délinquance. Il faut répondre à ses différentes demandes : hébergement, argent, formation, stages (moyens utilisés par le professionnel travaillant en service de psychiatrie, en hôpitaux de jour, en foyer spécialisé, en foyer de semi-liberté dépendant du ministère de la Justice) : travail en coordination (assistants sociaux, éducateurs, psychiatres, juges d’application des peines)

 

F     Une psychothérapie est indispensable et ce par plusieurs psychothérapeutes qui se complètent.
Si la prise en charge se fait par une seule personne, le psychopathe risque de s’identifier de façon excessive, de trop lui demander, de l’idéaliser, de lui faire payer ce qu’il a accumulé contre ses parents et la société.
L’action psychothérapeutique vise à apprendre au sujet une loi qui soit proche de celle de la société, mais qui se situe sur un terrain médical : travaux basés sur les contacts à l’amiable entre le patient et l’institution.

 

F     Dans l’assistance que l’on apporte à un psychopathe, il est fondamental de rester calme, disponible et surtout modeste ; être patient, laisser mûrir les solutions, accepter les échecs et les ruptures, savoir changer le patient d’institution et le valoriser. Savoir supporter les remises en question et les mises à l’épreuve par le psychopathe, dans une avancée progressive, souvent sinueuse.

 

F    La psychothérapie est moins verbale que comportementale.

Cours du Dr Brousse + cahiers de l’infirmière

entrée du site