Bouffées délirantes aiguës 

Auteur : Mini-Pouce
(promotion 2002-2005)

Cours 2003
Document déposé Février 2004

 

   = explosion brutale chez un sujet jeune d’un délire transitoire, polymorphe et vécu intensément par le sujet.

 

Clinique

    Délire à début brutal

Ø      Délire protéiforme, non systématisé :

§         à thèmes multiples (se mélangent ou se succèdent les uns aux autres, sans qu’aucun thème particulier n’émerge) : persécution, influence, possession, mystique, érotique…

§         à mécanismes multiples : imagination, interprétation, hallucination [visuelle, auditive, cénesthésiques, psychiques…])

Ø      Délire vécu intensément par le sujet (ce qui entraîne un risque de passage à l’acte auto et hétéro-agressif)

 

    Désordre thymique et participation anxieuse

Ø      Grande labilité, oscillation de l’humeur allant de l’exaltation à l’abattement ; agitation et insomnies sont fréquentes.

 

    Altération de la conscience

Ø     Vigilance non modifiée, absence de confusion

Ø     Plutôt sorte d’hypnose délirante

 

Absence de pathologie somatique 

Ø      sinon insomnies, déshydratation liée à l’agitation

 

Etiopathogénie

    Dans la plupart des cas, on ne retrouve pas de facteur déclenchant

v     Dysfonctionnement neurologique (sérotonine, noradrénaline) sous emprise de la drogue.

 

Diagnostic

    Repose sur :

Ø      Début brusque

Ø      Délire polymorphe

Ø      Conviction du sujet à son délire

Ø      Conscience crépusculaire

Ø      Actualité immédiatement perceptible du délire

 

    Eléments de pronostic favorable

Ø      Soudaineté du début des troubles

Ø      Existence de facteurs déclenchants nets (aspect réactionnel)

Ø      Polymorphisme des thèmes

Ø      Présence et labilité des troubles thymiques, en adéquation avec le vécu délirant

Ø      Absence d’anomalie pré-morbide de la personnalité (non schizoïde) avec une bonne adaptation antérieure

 

    Eléments de moins bon pronostic

Ø      Mauvaise intégration pré-morbide et des troubles de la personnalité de type schizoïde

Ø      Présence d’une discordance

Ø      Systématisation et pauvreté des idées délirantes

Ø      Thèmes de transformation du schéma corporel

Ø      Importance de l’automatisme mental

Ø      Résistance ou résolution incomplète sous traitement

Ø      Rechute rapide

Durée : environ 8 jours mais aujourd’hui c’est + long (drogues)

 

Traitement

    Isolement

Ø      Isoler le patient pour le mettre en sécurité

 

    Sédation pharmacologique/physique

Ø      Mise en place d’une sédation pharmacologique et/ou physique (contention)

Ø      Sédation :

§         neuroleptiques d’action rapide

·        Loxapac, Tercian, Nozinan, Cloxipol ASP

§         benzodiazépines

·        Tranxène, Valium, Rivodril

§         antidépresseurs

§         thymorégulateurs

Ø      Surveillance

 

    Hospitalisation

Le traitement chimiothérapique est à maintenir pendant 6 à 12 mois en ajustant la posologie et en tenant compte des effets secondaires.

+ suivi ambulatoire régulier

 

Dans l’immédiat

v     Urgence psychiatrique : le + souvent, hospitalisation (parfois en HDT ou HO)

     Il peut s’agir aussi d’une psychose aiguë secondaire à une étiologie infectieuse, comitiale, toxique…

     Mesures :

v     Réhydratation

v     Sevrage des toxiques

v     Arrêt des médicaments

v     Réajustement du traitement anti-comitial

v     Bilan somatique préalable avec examens complémentaires (sanguins, urinaires, scanner, électrocardiogramme…)

     Un traitement neuroleptique ou antipsychotique s’impose pour diminuer l’activité délirante, les phénomènes hallucinatoires et l’angoisse psychotique. En cas d’agitation, employer un sédatif (benzodiazépine ou neuroleptique sédatif)

     Importance d’une relation de confiance, source de réassurance pour le patient, avec la perspective d’une diminution de l’angoisse puis d’une aide à la critique progressive de l’état morbide : psychothérapie, accompagnement social.

 

     Attention : risque de traces mnésiques : importance de la parole, de l’explication, rassurer. Toujours tout expliquer, être à proximité, garder un lien avec le patient (important pour la suite et l’évolution)

 

Évolution

v     Guérison sans rechute (30% des cas)

v     Évolution cyclique :

Ø      soit rechute sous forme de bouffée délirante (10%)

Ø      soit évolution vers psychose maniaco-dépressive bipolaire (30%)

v     Évolution chronique de type schizophrénie (30%)

 

Conclusion

v     Ne pas chercher à tuer le délire, ce dernier peut avoir une signification

v     3 phases dans la bouffée délirante :

Ø      éruptive

Ø      reviviscente traumatique (reprise du contact mais encore perplexité)

Ø      phase de rémission (retour au réel)

v     Chercher des facteurs favorisants de fragilité :

Ø      anomalies comportementales

Ø      agression(s) dans l’enfance

Ø     anomalies familiales

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