POSE D’UNE SONDE NASO-GASTRIQUE

Auteur : Mini-Pouce
(promotion 2002-2005)

Cours de 2003
Document déposé Mars 2004

 

    = introduction par le nez d’un long tube (en matière plastique, silicone ou polyuréthane) allant dans l’estomac.

 

Indications

    Vidanger l’estomac

Ø      Par gravité : sonde naso-gastrique (SNG) reliée à un sac collecteur placé au-dessous du niveau de l’estomac. Veiller à ce que la prise d’air soit libre.

Ø      Par aspiration : dépression effectuée à l’aide d’une colonne de Janneret : aspirations douces

Ø      En pré-opératoire : vider l’estomac avant intervention sur le tube digestif pour prévenir l’inhalation

Ø      En post-opératoire :

§         après une intervention sur le tube digestif pour protéger la suture gastrique

§         supprimer le liquide de l’estomac et supprimer tout effort de vomissements

§         supprimer les sucs gastriques en l’attente de la reprise du transit intestinal

§         but thérapeutique lors d’une occlusion car il existe un risque de distension de l’estomac

§         en cas de pancréatite aiguë

§         en cas d’hémorragie digestive

·        quantifier les pertes sanguines

·        réalisation de lavage glacé de l’estomac pour hémostase

§         administration des médicaments

 

    Laver l’estomac

Ø      prévenir la digestion de sang

Ø      favoriser la vasoconstriction

Ø      favoriser examen endoscopique

Quand ?

§         absorption de toxiques (essence, lessive…) pour diminuer la quantité absorbée

 

    Alimentation entérale

    Pour maintenir ou restaurer l’état nutritionnel du patient dans l’attente de la reprise de l’alimentation orale.

    Exemples :

§         coma long

§         dénutrition chez une personne âgée

§         anorexie mentale (rarement, sauf si risque vital)

§         pour les pathologies digestives sans altération des fonctions d’absorption et digestives. Si troubles de la déglutition : alimentation entérale

§         sténose oesophagienne

§         administration de médicaments (bien rincer la sonde pour éviter qu’elle se bouche)

 

    Etablir un diagnostic

Ø      Prélèvement du liquide gastrique pour rechercher le bacille de Koch si suspicion de tuberculose

Ø      Prélèvement de bile pour un examen

 

    But thérapeutique

    Pour le drainage régulier de la bile pour traiter les varices oesophagiennes hémorragiques (sonde de Linton ou sonde de Blakemore) : réalisation d’une hémostase par compression au niveau de l’œsophage et du cardia.

 

Contre-indications

v     traumatismes faciaux et cervicaux

v     déviation importante de la cloison nasale

v     suspicion de lésion cervicale

v     chirurgie récente en cas d’anastomose de l’œsophage ou de l’estomac (ce n’est pas à l’infirmier de poser la sonde et de la changer)

Surveillance +++ : sonde fixée à l’aile du nez.

 

Pose de la sonde

    Préparation du matériel

Ø      1 SNG adaptée selon l’indication

Ø      1 lubrifiant

Ø      compresses non stériles

Ø      gants à usage unique

Ø      protection

Ø      sparadrap hypoallergénique

Ø      mouchoirs en papier

Ø      1 haricot

Ø      1 stéthoscope

Ø      1 seringue 50 ml à embout conique

Ø      1 verre d’eau

Ø      1 abaisse-langue

Ø      1 lampe de poche

 

        Pour l’aspiration :

§         prise murale de vide

§         manomètre

§         colonne de Janneret

§         bocal en verre muni d’un bouchon avec 2 tiges

§         2 tuyaux (SNG       bocal, bocal        vide)

La prescription médicale doit préciser l’intensité de l’aspiration.

 

        Pour le lavage gastrique :

Idem précédemment +

§         1 broc

§         1 tulipe

§         10 à 20 litres d’eau

§         des bocaux de recueil gradués

Selon prescription médicale :

§         glace pilée en cas d’hémorragie

§         chlorure de sodium (environ 4g/l)

§         charbon activé, en cas d’ingestion de substances toxiques

§         flacon en vue d’analyses toxicologiques

 

        Pour la nutrition entérale :

Idem précédemment +

§         Prescription médicale concernant le mélange nutritif : qualité, quantité, mode et débit d’administration (par gravité à l’aide d’une seringue alimentaire, à l’aide d’une tubule d’alimentation munie d’une prise d’air que l’on introduit dans la poche ; à l’aide d’une pompe munie d’un régulateur de débit)

§         Pied à perfusion si nécessaire

 

    Mise en place

Ø      Vérifier la prescription médicale

Ø      Veiller à protéger le patient des regards indiscrets

Ø      Se laver les mains avec un savon doux (lavage simple)

Ø      Rassembler le matériel nécessaire et installer si nécessaire un matériel d’aspiration trachéale et buccale (patient inconscient)

Ø      Expliquer au patient le déroulement du soin et la manière dont il peut participer pour faciliter la progression de la sonde : lui demander de déglutir au moment où vous lui demanderez de la faire

Ø      Installer le patient en position semi-assise ou lui demander de s’asseoir

Ø      Installer le patient inconscient en décubitus dorsal, tête tournée sur le côté. Réaliser le soin en présence d’une aide qui maintient la tête du patient et aspire la cavité buccale si besoin

Ø      Installer la protection sur le thorax du patient et mettre à sa disposition des mouchoirs en papier

Ø      Enfiler les gants

Ø      Inspecter la cavité buccale du patient et lui demander d’ôter ses prothèses dentaires ou le faire s’il en est incapable. Les déposer dans une boîte à prothèse remplie de solution nettoyante

Ø      Vérifier l’état des narines et observer une déviation de la cloison nasale en remontant le bout du nez ou en demandant au patient de respirer calmement en bouchant une narine puis l’autre afin de déterminer la narine la + perméable

Ø      Observer et palper l’abdomen du patient afin de comparer le degré de distension abdominale avant et après la pose de la sonde

Ø      Demander au patient de se moucher ou réaliser un soin de nez si nécessaire afin d’éviter une obstruction de la sonde lors de son introduction

Ø      Mesurer la longueur d’introduction de la sonde : placer la sonde de l’extrémité du nez jusqu’au bout du lobe de l’oreille, puis ensuite du lobe de l’oreille jusqu’à la hauteur de l’appendice xiphoïde

Ø      Marquer la longueur avec un morceau de ruban adhésif ou à l’aide d’un feutre ou repérer les 3 traits correspondant à la longueur moyenne indiqués sur la sonde

Ø      Soutenir la tête du patient en plaçant la main non dominante au niveau de la nuque

Ø      Introduire la sonde lubrifiée par une narine, tête du patient légèrement fléchie en avant pour faciliter son passage, demander au patient de déglutir tout en poussant la sonde jusqu’à la longueur prévue

Ø      En cas d’échec, retirer la sonde, laisser le patient se reposer, lubrifier à nouveau la sonde et changer de narine

Ø      Dès que la sonde semble avoir atteint le pharynx (environ la distance nez-lobe de l’oreille) demander au patient qu’il avale sa salive ou une gorgée d’eau si cela n’est pas contre-indiqué : la déglutition facilite le passage du carrefour pharyngé

Ø      Si le patient commence à tousser, à avoir des hauts de cœur ou à étouffer, stopper la progression de la sonde car elle est peut-être située dans la bronche ou entortillée dans l’arrière-gorge

Ø      Vérifier le bon emplacement de la sonde en injectant de l’air tout en auscultant l’abdomen à la recherche d’un gargouillis. Il est possible également d’aspirer avec la seringue, l’apparition du liquide gastrique montre la bonne position de la sonde

Ø      Demander au patient de parler, celui-ci sera incapable de parler si la sonde a traversé les cordes vocales

Ø      Fixer solidement la sonde à l’aide d’un ruban adhésif placé en T sur le nez. Un autre ruban sera placé sur la joue. Une marque indélébile sera appliquée sur la sonde à 2 cm de l’aile du nez. Il s’agit d’un des moyens de vérification du bon positionnement de la sonde

Ø      Une radiographie de contrôle est parfois demandée notamment pour vérifier la bonne position d’une sonde lestée (trajet visible)

Ø      Clamper la sonde ou la relier à un collecteur à fond clos ou la brancher sur un bocal d’aspiration ou commencer les lavages

Ø      Réinstaller le patient et prévoir de revenir le voir au bout d’une demi-heure

Ø      Lui proposer de remettre ses prothèses dentaires après les avoir nettoyées

Ø      Mettre à sa disposition le système d’appel

Ø      Eliminer les déchets ; se laver les mains

Ø      Noter l’exécution du soin et les particularités concernant la pose

Ø      Exceptionnellement la sonde sera placée par voie buccale (chez les patients intubés). Prendre la précaution d’introduire dans la bouche une canule de Guédel afin d’éviter la morsure de la sonde (sur prescription médicale)

 

Surveillance

v     surveillance régulière du bon positionnement de la SNG (fixation, repère, perméabilité, prise d’air)

v     veiller au confort psychique et physique du patient

v     changer le sparadrap quand il est sale ou décollé

v     nettoyer les narines au sérum physiologique

v     éviter la nécrose de la narine : pour cela, la sonde ne doit ni tirer ni déformer le nez et la fixation doit être changée quotidiennement

v     soins de bouche plusieurs fois par jour (le patient est à jeun)

 

Pour une aspiration continue

Ø      S’assurer du fonctionnement de l’aspiration :

·        niveau d’eau

·        prise de vide

·        bulles régulières dans le tube

Ø      Surveillance qualité, quantité, aspect et odeur

Ø      Dans le sac, possibilité de :

·        sang

·        bile

·        liquide marron clair, noirâtre, fécaloïde

Ø      Vider le bocal régulièrement

Ø      Changer le sac régulièrement

Ø      Faire les transmissions

Ø      Surveillances des gaz et des selles

 

    Pour une nutrition entérale

Ø      Surveillance de la sonde :

·        aspiration : perméabilité

·        tubulure :

¨      elle ne doit pas être bouchée (aspirer, rincer toutes les 4 heures, avant et après chaque administration de médicaments)

¨      elle ne doit pas être coudée

¨      attention à la prise d’air

Ø      Surveillance du débit

Ø      Surveillance du bon fonctionnement de la nutripompe

Ø      Surveiller le bon positionnement

Ø      Surveiller les régurgitations (débit, position demi-assise)

Ø      Surveiller le transit (constipation, diarrhée)

 

    Pour le lavage gastrique

Ø      Surveillance clinique permanente pour dépister l’apparition d’un état de choc ou trouble de la conscience

Ø      Chariot d’urgence à proximité

 

Complications

v     ORL :

§         escarre de la narine

§         pharyngite, rhinite, intolérance au niveau du pharynx et des sinus

§         troubles respiratoires entravant le dégagement des voies pharyngées

§         risque d’encombrement bronchique

v     Risque de déséquilibre hydro-électrolytique : bilan entrées/sorties pour effectuer des compensations (prescription médicale)

v     Reflux gastro-oesophagien :

§         position demi-assise

§         débit (surtout alimentation entérale)

v     Risque d’inhalation :

§         décubitus latéral

§         régurgitations : arrêt alimentation + appel médecin

v     Vomissements :

§         si aspiration,  sonde non perméable: soit elle est bouchée, soit la prise d’air est inefficace

§         si alimentation entérale : débit trop élevé ou obstacle

v     Diarrhée (pour alimentation entérale) :

§         débit trop rapide

§         contamination bactérienne (lavage de mains, date de péremption…)

§         consistance de l’alimentation mal adaptée

§         alimentation trop froide

§         sonde trop loin (duodénum)

v     Ulcération de l’œsophage ou de l’estomac : sonde trop rigide, trop grosse, qui peut léser un estomac déjà fragile

 

Retrait de la sonde

v     Sur prescription médicale

v     Il faut toujours enlever la sonde après l’avoir clampée un certain temps. Vérifier si le patient a des nausées (pour la reprise du transit) ; si absence de nausées pendant ¼ d’heure, lui faire avaler un peu d’eau

v     Fermer l’appareil d’aspiration, détacher la sonde du sac collecteur ou de l’appareil d’aspiration

v     Retirer les sparadraps de fixation

v     Informer le patient que le retrait est moins désagréable que la pose

v     Donner des mouchoirs en papier, un haricot, placer une serviette propre sur le thorax

v     Tirer uniformément et légèrement la sonde

v     Nettoyer les narines, assurer les soins d’hygiène buccale

v     Réinstaller le patient

v     Nettoyer, ranger le matériel

v     Se laver les mains

v     Noter sur le dossier : retrait de la sonde, tolérance du patient, présence de bruits intestinaux

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