Corrigés types (merci le CNED en 2002)

Chaque question est notée sur trois points, cinq points sont réservés à l’orthographe, à la syntaxe, à la grammaire et au respect des consignes.

Question 1 : jeunesse inoccupée et délinquante

Face à la mobilisation de l'opinion publique, à sa sensibilité extrême attisant les peurs et l'intolérance, la mise en place de dispositifs socioprofessionnels s'est avérée délicate. La lutte contre le désœuvrement et la délinquance des jeunes constitue le thème permanent d'un véritable socle d'objectifs de l'action publique.
Derrière cette unité de principes, grâce aux expériences accumulées au fil des années, les actions se sont transformées. Diversifications, décloisonnement et partenariat représentent les principaux axes d'évolution.

Commenter ce point de vue en l'illustrant par des exemples précis.

Réponse possible : jeunesse inoccupée et délinquante

Chaque jour, les médias présentent des informations sur les catégories sociales les plus défavorisées, les plus exclues de la société, et évoquent les problèmes quotidiens des banlieues, dénonçant les malaises croissants de jeunes désœuvrés qui n'ont pas trouvé leur place dans cette société. Vols, dégradations, incendies de voitures, flambées de violences, heurts avec la police, économie souterraine ont, en une dizaine d'année, propulsé sur le devant de la scène politique les banlieues jusque là oubliées. Aucune grande agglomération n'est aujourd'hui épargnée.
En effet, elles sont devenues le point d'attraction de nombreux regards, l'endroit de tous les clichés aussi, qui engendrent naturellement l'incompréhension, l'intolérance et la xénophobie parfois chez les autres citoyens.
Certaines caractéristiques de la population des cités (familles nombreuses, absence du père, étranger) ont favorisé l'amalgame entre banlieue et jeunesse. D'où l'omniprésence de l'image du jeune en difficulté dans le paysage urbain, alors qu'il n'est le plus souvent que l'arbre médiatisé cachant la forêt ! On ne peut employer que la forme plurielle de "jeunes en difficultés", ici, tant les cas de figure sont multiples.
A-t-on affaire à des délinquants obligatoirement sans papiers, ou à des responsables de délits mineurs (vols de voitures, rackets, casses), à des toxicomanes, des dealers?
Ce malaise est donc devenu l'un des chevaux de bataille de la politique. Mais quels sont vraiment les principales actions d'insertion?
Des lieus de regroupement, de rencontre et d'échange ont été construits dans les MJC ou les maisons de quartier. On a essayé de proposer aux jeunes de six à dix-huit ans, une palette d'activités la plus large possible : sportives, culturelles et artistique, multiplication d'aires sportives en décloisonnement, diversifiant et en s'adressant à des partenaire différents, des associations, des emplois-jeunes, des professionnels, réunissant tous les secteurs de la vie quotidienne (éducation nationale, mairie, police de proximité, jeunes).
Si l'on prend ici l'exemple du sport, on peut remarquer qu'il joue un rôle important, dans la prévention et la socialisation, dans la mesure où il permet d'étendre les modes de sociabilité à un espace plus large, améliorant les relation entre génération, favorisant les échanges inter-quartier, la découverte de nouveaux espaces en tant qu'apprentissage de la vie collective, d'autonomie et de prise de responsabilités.
Beaucoup d'actions sont en cours, certaines semblent aujourd'hui peu efficaces, et témoignent ainsi de la nécessité de la prise en charge de tous ces problèmes par tous les citoyens.

Question 2 : l'apparence

Un des aspects le plus caractéristiques du commerce du corps est la multiplication des marchandises, biens, services, objets, produits, qui sont censés procurer à l'organisme une satisfaction ou contribuer à son bonheur et à son bien-être. La plupart de ces "gadgets" se rapportent soit au narcissisme, soit à la sexualité. La rhétorique publicitaire est particulièrement abondante dans les publications féminines ou dans les revues à grands tirage...
Cette illusionnisme est encore accentué par l'exploitation publicitaire permanente du culte du muscle, du culturisme. Les multiples méthodes de "gonflette", crèmes, gelées, appareils divers qui s'offrent sur le marché garantissent en quelques semaines, parfois en quelques jours, une musculature puissante et virile. Ils font miroiter l'image d'un individu harmonieusement développé, bien proportionné, en plein équilibre psycho-physique, sûr de lui (... )

Après avoir expliqué le sens des mots "narcissisme" et "rhétorique publicitaire", vous donnerez votre avis sur cette conception de la société.

Réponse possible : l'apparence

Dans ce texte, J.-M. Brohm définit notre société comme une civilisation du corps, de manière assez critique. Le corps peut-il être récupéré par le mercantilisme? L'homme d'aujourd'hui est-il réduit à son apparence extérieur pour être reconnu, au détriment d'autres valeurs plus intrinsèques et plus véritables, qui font de lui, non plus un objet, mais un être humain?
L'adjectif "narcissique" désigne bien ici une tendance de notre société occidentale où l'individu essaie d'exister par tous les moyens, se mettant en valeur de toutes les façons possibles, utilisant tous les gadgets qui feront de lui un être séduisant, attirant. La notion du groupe ayant perdu aux cours des décennies de sa valeur, on assiste à un e glorification de l'individu épris de son apparence, qui s'intéresse immodérément à sa personne au dépens de son ouverture au monde et aux autres.
La multiplication des images ventant les soins pour le corps montre que l'organisme est devenu un véritable objet de commerce, que l'apparence crée de nouvelles préoccupations autours de nouveaux produits. La rhétorique publicitaire désigne ici tout l'art de la stratégie de la publicité pour séduire le client qui se retrouvera bien dans cette image de lui, et le convaincre d'acheter les produits vantés.
Si l'on regarde les journaux féminins, on peut être effaré par le nombre de pages publicitaires  et l'image de la femme souvent nue, ainsi proposée : jeunesse (vitalité, cheveux éclatant, teint bronzé et lisse), allure dynamique et sportive. On peut aussi remarquer que, ces dernières années, l'homme devient, lui aussi, une cible publicitaire. Tous les moyens sont bons pour exposer une image de soi valorisée. L'engouement pour la pilule de jouvence (DHEA) en est un exemple. Il ne faut pas vieillir ! On assiste donc à un culte véritable du corps auquel l'individu s'adonne, à travers la publicité, la mode, la culture de masse, les préceptes hygiéniques, diététiques, thérapeutiques dont on l'entoure, l'obsession d'élégance, de virilité-féminité, comme si l'homme ne comptait plus que par son apparence extérieure et avait oublié les valeurs morales, spirituelles qui lui sont propres et qui font de lui un être humain véritable.
Cette superficialité est un reflet inquiétant de nos sociétés occidentales qui refusent à chacun le droit d'être différent, d'être unique.

Question 3 : bébé cloné

Comment peut-on prendre le risque de créer un bébé cloné, quand on sait à quel point le résultat est imprévisible? L'homme qui s'interroge - suite à l'annonce, délibérément spectaculaire, faite la semaine dernière à Washington par le médecin italien S. Antinori - n'est pas n'importe qui : il s'agit de Ian Wilmut, le père de la célèbre brebis Dolly, premier clone de mammifère obtenu à partir d'un noyau de cellule adulte. Or, Dolly, née en 1997, ne se porte pas bien : obèse, elle montre des signes de vieillissement prématuré, comme si avec ses gènes, le noyau de cellule adulte reprogrammé lui avait en prime, transmis son âge. Or, Dolly constituait une sorte de miracle, un succès inespéré après pas moins de 276 tentatives infructueuses.
Le professeur Wilmut est donc bien placé pour juger de la folie furieuse du projet Antinori condamné avec véhémence par la quasi-totalité des biologistes spécialistes de la question - ce que n'est pas le chic et riche gynécologue romain. Depuis la naissance de Dolly, cette même technique de clonage, "confection d'un embryon" avec un ovule dont le noyau a été remplacé par celui d'une cellule adulte, a été appliquée à différentes espèces : souris, bovin, chèvre, porc, chat. Mais ce fut toujours avec un taux de succès très limité - de 1 à 5% - s'agissant des animaux né viables, qui peuvent cependant être porteurs d'anomalies cachées, invisibles avant quelques années.

Qu'est-ce que le clonage, ses buts, ses risques ?

Réponse possible : bébé cloné

Cet article nous fait part de l'indignation de Mr Wilmut, biologiste et spécialiste du clonage de la brebis Dolly, face aux propos d'un médecin gynécologue romain, qui veut cloner des bébés à n'importe quel prix, pour donner un enfant à des couples stériles, sans tenir compte des dangers que cela représente.
En effet, on appelle clonage la reproduction d'un individu (animal, végétal) à partir d'une de ses cellules par manipulations génétiques. Il faut distinguer deux ordres de recherches et deux nivaux de responsabilité morale : l'un comprend les recherches modifiant un organe, l'autre transformant l'individu entier.
Les premières recherches étudient le transfert d'un gène dans les cellules d'un organe dans l'espoir de corriger le dysfonctionnement de cet organe. Elles devraient permettre de prévenir de graves maladies génétiques comme celle de l'hémoglobine, les myopathies, l'hémophilie... Aucun problème éthique ne semble apparaître à première vue.
Les secondes recherches suscitent des réactions très diverses. Le transfert d'un génome d'un homme dans un ovule fécondé indique la possibilité de transformer le patrimoine génétique d'un être humain. En mars 1997, la première mondiale du clonage d'un mammifère déclenchait un belle tempête éthique et médiatique. Dolly était le premier clone d'un animal adulte, non pas conçu comme tout le monde, à partir d'un oeuf fécondé, mais fabriqué à l'aide d'une cellule unique prélevée sur le pis de la brebis donneuse. Quatre ans plus tard, I.Wilmut évoque l'incertitude de cette découverte scientifique, la brebis ne se portant pas bien, vieillissant prématurément. Il insiste également sur les autres expériences menées sur d'autres mammifères après un taux d'échec incalculable, et demande que l'on ne soumette pas l'être humain à de telles expérimentations.
Il rejoint ici les réactions des gouvernements et des comités d'éthiques opposés au simple clonage dont les dérives méconnues sont à attendre, comme le montre certaine réaction de ce médecin, non biologiste, prêt à tout, de ces couples stériles qui veulent à tout prix un enfant, ou de ces sectes comme l'église raélienne qui ont été même jusqu'à annoncer la création de la première compagnie de clonage au Bahamas.
L'être humain n'est-il pas capable de limiter ses appétits ? Ne peut-il pas s'arrêter à temps, faisant preuve ici de respect envers la vie humaine?

Texte 4 : peurs de ce siècle

Lisez attentivement ce texte.

« […] A ces peurs politiques et économiques viennent désormais s’ajouter les peurs écologiques. Jusqu’au vingtième siècle, les malheurs des hommes furent principalement causés par la nature, les guerres et par des fléaux comme la peste, le choléra, la tuberculose et la syphilis. L’homme d’autrefois vivait dans un environnement constamment menaçant.

La première moitié du vingtième siècle fut marquée par l’épouvante des grandes guerres. La mort à échelle industrielle, les destructions de masse, les camps de déportation et d’extermination. En Europe occidentale, la seconde moitié du vingtième siècle s’est caractérisée par l’apaisement progressif des conflits armés et la monté d’une quasi-prospérité. Les conditions d’existence se sont spectaculairement améliorées. L’espérance de vie a été portée à un niveau jamais atteint dans le passé.

Les historiens des mentalités s’interrogeront sans doute un jour sur les peurs nouvelles. Ils découvriront qu’elles ne sont plus comme naguère, d’ordre politique ou militaire, mais plutôt de caractère écologique […]

Ignacio RAMONET, « Nouveau siècle, nouveaux conflits », Le Monde Diplomatique janvier-février 2001.

Partagez-vous ce point de vue ?

Réponse possible : peurs de ce siècles

Le vingtième siècle a été un des siècles les plus meurtriers de l’histoire de l’humanité, si on en fait le bilan. Les peurs politiques et militaires que les conflits  mondiaux ont engendrées sont complexes et n’ont pas vraiment cessé dans certains pays de la planète. Le prix de la vie ne semble plus compter vraiment. On tue à échelle industrielle, on détruit ceux qui font obstacle et gênent les intérêts des autres. Les exemples sont malheureusement nombreux : guerres d’indépendances, guerres civiles, massacres ethniques, guerres chimiques ou de religion…

Pourtant, comme le montre Ignacio Ramonet, les conflits armés en occident se sont peu à peu apaisés grâce aux efforts diplomatiques des pays les plus puissants et, dans la seconde moitié du XX ème siècle, la prospérité, les conditions d’existence se sont spectaculairement améliorées.

Les peurs modernes sont plutôt de caractère écologique (dérèglement de la nature, changement de climat, bouleversement de l’environnement). Elles concernent plus l’intime (santé, alimentation) ou l’éthique (PMA, clonage, ingénierie génétique).

L’utilité du progrès scientifique n’apparaît plus comme une évidence, si l’on considère les derniers scandales du secteur bio alimentaire : vache folle et farines animales, OGM. Les technologies de l’information et de la communication, et la révolution numérique nous ont fait entrer dans une nouvelle ère dont la caractéristique est le transport instantané de données. Tout a changé autour de nous en une décennie. La toute puissance d’Internet nous fait vivre dans un monde de plus en plus technique, qui se rapproche de celui de G. Orwell, surveillé par Big Brother.

De plus, la situation de grande précarité et le retour de fortes inégalités sociales renforcent le sentiment que le progrès a trahi ses promesses d’améliorer le sort de tous et a creusé les écarts sur la planète.

Les évènements terroristes du 11 septembre 2001 ont révélé l’extrême fragilité d’un monde que l’on croyait inattaquable. Le pouvoir des plus grands de ce monde repose, malgré tous les progrès sophistiqués, sur peu de choses, si l’on juge la « facilité » qu’ont eue les partisans d’Oussama Ben Laden à déstabiliser ce monde occidental.

Les peurs d’hier et celles d’aujourd’hui se conjuguent : l’état de guerre permanente est déclaré. Les armes bactériologiques menacent tous les domaines scientifiques et économiques que l’ont croyait immuables. Le progrès se retourne contre l’homme, victime aujourd’hui de l’ensemble des peurs qu’il a lui-même engendrées.

Texte 5 : famille plurielle

Lisez attentivement ce texte.

« La famille a changé. Depuis vint-cinq ans, le droit de la famille ne s’est pas adapté à ces mutations. Baisse du nombre de mariages, création du PACS, montée du concubinage, des enfants nés hors mariage (40%), des divorces, le tout sur fond d’entrée massive des femmes dans la vie active, de progrès dans le domaine de la PMA et d’allongement spectaculaire de l’espérance de vie… La famille est devenue plurielle. »

Pascale KREMER, « une famille en révolution », Dossier et document Le Monde, mai 2001.

Questions 5

1-     Que signifie l’expression « la famille est devenue plurielle » ?

2-     Le droit de la famille a été dernièrement modifié. En quoi consistent ces grands changements ?

Réponse possible : famille plurielle

L’image traditionnelle de la famille a été longtemps immuable : des parents mariés, deux ou trois enfants, une autorité paternelle absolue. Depuis une vingtaine d’années, cette image a été malmenée, bouleversée, comme toutes les institutions en crise, par des remises en questions fondamentales et de profonds changements dans les mentalités dus à des phénomènes d’urbanisation, au développement du travail féminin et à de nombreux remaniements juridiques.

La famille est devenue plurielle : il n’existe plus une seule forme de famille. A la traditionnelle famille nucléaire parents-enfants se sont ajoutées les familles naturelles (dont les parents ne sont pas mariés), les familles monoparentales très nombreuses (enfants élevés par un seul parent, souvent la mère), les familles recomposées (parent qui refait sa vie avec un nouveau compagnon, qui a peut-être aussi des enfants) et parfois même homo parentales.

Les sondages montrent que quelle que soit la nature de la famille, la grande majorité des Français y est très attachée : pont entre les générations, vecteur d’éducation, lieu d’épanouissement affectif, instance de solidarité et d’entraide.

L’individu a pris le pas sur le groupe ; de nombreuses réformes de droit de la famille ont eu lieu après une vaste consultation de professionnels, de parlementaires et d’associations, organisée par Marylise Lebranchu, ministre de la Justice et Ségolène Royal, ministre déléguée à la Famille et à l’Enfance : on peut citer quelques points de cette réforme présentée dans un projet de loi de juin 2001.

La filiation : l’enfant ne doit plus subir de discrimination du fait des circonstances de sa naissance : la distinction qui existait entre filiation légitime, naturelle et adultérine a été supprimée.

L’autorité parentale doit être exercée par les deux parents et le rôle du père revalorisé. Le Code Civil affirme l’obligation pour chacun des deux parents de maintenir des relations avec l’enfant. La garde peut-être proposée en alternance par un juge aux affaires familiales.

Le nom patronymique : l’enfant peut porter les deux noms de ses parents. Adulte, il pourra choisir de transmettre à ses enfants l’un ou l’autre.

Les procédures de divorce ont été simplifiées, réservant la notion de faute aux cas gravissimes.