Bonne pratique de préparation des agents anticancéreux dans les établissements de soins

Source : cours 2003

Saisie : Mini-pousse
Formatage : Erik Le Rouj
(promotion 2002-2005)
Actualisé en février 2005

Document déposé Février 2005

Particularités des médicaments cytotoxiques

-         produits classés à risque

-         respect des bonnes pratiques de fabrique

-         Coût unitaire élevé : optimiser l’utilisation

 

Risques pour le personnel et l’environnement

v     Risque lié à la manipulation :

Ø      risque immédiat :

§         asthme

§         nausées, vomissements

§         localement : rougeur, allergie, prurit

Ø      risques retardés :

§         cytogénicité : mort des cellules, rougeurs

§         carcinogénicité : développement de cancers

§         sans précautions → présence de produit de chimio dans les urines

§         avec précautions → pas de produit de chimio dans les urines

§         mutagénicité, tératogénicité : déformation de l’ADN, avortement spontané, difficultés à être enceinte (Décret de 2001 stipule que toute femme enceinte ne doit pas manipuler de produits de chimiothérapie)

v     Dans l’environnement :

§         exceptionnel : le produit cassé contamine l’air ambiant

§         Attention lors de la manipulation des produits : traces de produits sur la paillasse, dans l’air

§         Attention à l’administration du produit : souvent contamination à la pose (GANTS x2)

§         On peut retrouver des restes du produit dans les excrétas (urines, les vomissements, sueur...) du patient

v     Voix de contamination :

Ø      Respiratoire : inhalation de poudre, gouttelettes, aérosols

Ø      Digestive : produits sur les mains puis mains à la bouche

Ø      Cutanéo-muqueux : passage à travers la peau et les muqueuses

Ø      Percutanée : piquer avec une aiguille

v     Législation sur la prévention des risques :

Ø      Code du travail relatif à l’hygiène et la sécurité du travail :

§         décret 7/12/1984

§         décret 1/2/2001

Ø      Texte spécifique et recommandations du ministère de la Santé

§         circulaire 3/3/1987

§         recommandations

 

Qualités de la préparation

  Respect des bonnes pratiques de fabrication

Ø      Maîtrise des procédés de fabrication

§         Assurer la stérilité de la préparation : hotte à flux laminaire

·        maîtrise de la contamination microbienne et particulaire

·        formation continue et initiale du personnel

Ø      Qualité de la préparation

§         Connaissances physico-chimiques : stabilité, incompatibilité, solvant, concentration

 

  Protection du manipulateur, du patient et de l’environnement

    = mise en place d’une préparation centralisée qui permet de répondre à ces exigences.

 

Préparation centralisée

Décret du 26 décembre 2000 : préparation au niveau d’une pharmacie (moyens, personnel, locaux, environnement)

v     Moyens : locaux et équipement :

Ø      Dépend du contexte particulier de chaque établissement

Ø      hotte ou isolateur :

§         hotte à flux vertical

§         isolateur : enceinte close et stérile

Ø      masque, surblouse, gants

v     Personnel : sous responsabilité : pharmaceutique, qualifié et en nombre suffisant.

v     Qualité de préparation et sécurité

 

Organisation

v     Standardisation des protocoles de chimio (Thesaurus des protocoles)

v     Ordonnance nominative

v     Etablissement des modalités de préparation pour chaque médicament et protocole : volume de reconstitution, de dilution, nature du solvant, stabilité, type de conditionnement, temps d’administration, condition de conservation

v     Édition d’un planning : stock prévisionnel de médicaments et dispositif d’administration

 

Évolution de prise en charge de la chimiothérapie

Plan cancer (objectif 2008) : réseau de cancérologie → établissements régionaux

-         objectifs : harmonisation des pratiques médicales et paramédicales des hôpitaux

Plan hôpital 2007 ( ?) → alternative à l’hospitalisation

-         traitement chimio à domicile

-        préparation des produits en Pharmacie hospitalière ou structure spécialisée

 

Les hottes à flux laminaire

  Définition

    Flux vertical à pression positive (rien ne rentre dans la hotte)

    4 critères pour une salle blanche:

o       hermétisme

o       surpression

o       facilité de nettoyage, pas encombrée

o       conforme aux normes

 

    Organisation

·        Lavage chirurgical des mains

·        Habillage dans le sas (blouse, gants, lunettes, calot, sur chaussures)

·        Matériel stérile préparé à l’avance

·        Filtre de face dans hotte pour éviter les projections

·        Double contrôle des mesures

 

    Fondamentaux

o       Ne jamais arrêter la hotte entre 2 préparations

o       Ne jamais y introduire de matériel souillé

o       Faire entrer le strict nécessaire

o       Ne pas utiliser le flux pour d’autres préparations que les cytotoxiques

o       Faire une préparation à la fois, n'introduire que le matériel de cette préparation

o       contrôles réguliers et traçabilité

 

  Manipulatations sans la hotte, risques encourus

    Risques immédiats

§         contact direct par projection ou aérosol : rougeur, œdème palpébral, prurit, ulcération des muqueuses, asthme, nausée, céphalées, vertiges, alopécie

§         Injection sous-cutanée : nécrose assez rapide

 

    Risques à long terme

§         mutagène et tératogène

 

  Matériel et environnement

    Locaux

§         pièce réservée à la préparation, isolée et calme

§         accès interdit pendant la préparation

§         fenêtre et porte fermées : éviter les courants d’air

§         plan de travail lisse, imperméable et lavable

 

    Personnel

§         surblouse chirurgicale + gants sur la blouse + calot + lunettes + masque

 

    Matériel de travail

§         champ stérile imperméable

§         compresse stérile, produit antiseptique

§         seringue bout à vis (luer-lock) + trocart

§         prise d’air hydrophobe

§         produit cytostatique, perfuseur + solutés + solvant + papier absorbant et solution de rinçage oculaire +++

 

    Élimination des déchets toxiques

§         circuit spécifique (incinérateur), parallèle aux DASRI

§         container à aiguilles, sac plastique, container de récupération

 

    Préparation orale

§         Jamais manipuler à mains nues, ni broyer un comprimé, ni ouvrir une gélule

§         Si déconditionnement obligatoire, manipuler sous hotte à flux laminaire vertical, avec toutes les précautions

 

Technique sous hotte à domicile

v     Fermer porte et fenêtres hermétiquement

v     Laver la surface de préparation et décontaminer

v     Lavage antiseptique des mains

v     Habillage chirurgical

v     Préparation du matériel, vérifier calcul de doses, date de péremption, adéquation des produits à l’ordonnance, protocole

v     Identifier la préparation (traçabilité)

 

Conduite à tenir en cas d’accidents

    Niveau de risque

§        1° : préparation, administration ocasionnelle
(Indice de Contact Cytotoxique = ICC < 1)

§         2° : préparation, administration en quantité modérée
(1< ICC < 3)

§         2° : activité intense, suivie
(3 < ICC

 

  Réception des cartons, des produits endommagés

Ø      Isoler le carton

Ø      Habillage chirurgical : blouse, 2 paires de gants, 2 masques

Ø      Mettre le flacon dans le container d’incinération

Ø      Lavage des mains à l’eau savonneuse 2 fois puis rincer

Ø      Avertir le fabricant de la défection

  Destruction des produits périmés

Ø      Voir avec les laboratoires qui donnent la marche à suivre, certains récupèrent les produits

Ø      Souvent incinération mais la destruction chimique est préférable mais + chère (pas de résidus)

Ø      Destruction validée par l'OMS : pas de résidus cancéreux, par des centres agréés

 

  Excrétions et vomissures des malades en traitement

Ø      Les patients peuvent contaminer leur entourage

Ø      Instaurer des protocoles de précaution et d’information (Loi Huriet)

Ø      Information logique, simple, compréhensibles au patient et au personnel de service

Ø      Attention : délicatesse aux patients qui ne connaissent pas leur traitement et leur pathologie

Ø      Précautions :

·        Blouse avec les poignets serrés (quand recueil d’urines par exemple)

·        2 paires de gants

·        masques et lunettes (plutôt en dehors de la présence du patient : discrétion)

·        matériel de recueil (rincer à l’eau du robinet, décontamination et identification discrète)

Les excrétions partent dans les vidoirs, comme à domicile ...

Ø      Il revient à l'IDE de s'assurer, de compléter la formation des ASH / AS par rapport aux risques cancérigène : information claire et opérationnelle, non catastrophique ...

 

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